On se retrouve aujourd’hui avec mes favoris culture de ces derniers mois. N’hésitez pas à piocher, ici ou là, les articles, livres, séries, films ou podcasts qui peuvent vous intéresser, pour les découvrir maintenant ou un peu plus tard. J’espère qu’ils vous donneront envie de les lire, les écouter ou les voir, qu’ils vous feront réfléchir, mais aussi et surtout qu’ils vous feront passer de bons moments. Bonne lecture !
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ARTICLES
Commençons cette rubrique avec un article très intéressant qui parle de cette impossibilité qu’ont certains hommes à entendre un « non » de la part d’une femme. « Pourquoi un homme se sent-il légitime quand il réitère plus de cinq fois la même proposition ? Pourquoi n’entend-il pas les désirs et les besoins de la personne qu’il a en face de lui ? Pourquoi le « non » exprimé par la femme n’a, de toute évidence, pas plus de légitimité que de valeur à ses yeux ? Pourquoi nous sourions et prenons soin d’arrondir les angles quand nous leur opposons un refus ? ». Je suis certaine que chaque femme qui lit ces lignes a déjà été confrontée à ce problème au moins une fois dans sa vie. J’ai apprécié cet article publié sur Slate car il reprend très bien les différents thèmes qui se jouent autour de l’insistance des hommes envers les femmes et tous les schémas qui se répètent inlassablement dans ces situations. Un homme fait une proposition, la femme n’en a pas envie mais elle ne sait pas comment le formuler. Pourquoi ? Parce que « les filles sont éduquées à plaire, à séduire et donc à arrondir les angles pour ne pas contrarier l’autorité et le désir des hommes. » Et pour cause, en refusant une quelconque proposition (un verre, un rendez-vous, une conversation, une relation sexuelle), nous savons que nous nous exposons potentiellement à des représailles. D’ailleurs, « quand on interroge les hommes sur les effets qu’a sur eux le refus féminin, ils répondent: “De la colère.” ». On l’a toute déjà expérimentée, cette peur de refuser, ce dilemme pour trouver la bonne manière de dire à ce gars qui nous emmerde de nous laisser tranquille sans risquer de se recevoir une patate en retour.
Ce « non » s’applique de la même manière aux relations sexuelles. L’homme a envie, la femme n’a pas envie. Elle ne sait pas comment le dire. Il ne prend pas la peine de s’assurer de son consentement, parce que la sexualité masculine est un droit. Cela se joue sur des non-dits. Mais gardons bien en tête une chose : le fait qu’une femme n’ait pas envie a autant d’importance que le fait que l’homme ait envie (et vice-versa). Pourquoi l’envie et le désir de l’homme seraient-ils supérieurs, surpasseraient-ils, sur le palier de l’importance, le non-désir de la femme ? C’est Virginie Despentes qui le dit dans un podcast que j’ai écouté cette semaine (j’en parle plus bas). Prenons le temps d’y songer. L’article se termine enfin sur des conseils pour parvenir à un changement : « Pour les hommes, s’assurer que leur partenaire est d’accord pour prendre un dernier verre, poser la main sur leur cuisse (..). Du côté des femmes, apprendre à dire non. À partir. À vexer. Ce n’est pas la fin du monde. Ce qui l’est, en revanche, c’est le traumatisme sexuel qui peut hanter durablement. Apprendre à être claire et tranchante, à faire face au conflit. » L’article intégral est intéressant et je vous le conseille.
J’avais adoré cette bande dessinée d’Emma intitulée Michelle dans son troisième tome. Elle vient de la publier en libre accès sur son blog et c’est donc l’occasion pour foncer la lire. Elle parle de cette différence entre le travail reproductif dont s’occupent les femmes, qui est gratuit et invisible, et le travail productif, généralement assigné aux hommes, qui donne droit à un salaire et à un statut social. Elle raconte notamment l’histoire de Michelle, une femme qui a arrêté de travailler pour élever ses enfants (et prendre en charge toutes les tâches ménagères). Emma dit « C’est comme si chaque homme avait à la maison une employée bénévole qui gère son foyer et sa famille en échange d’un soutien matériel. Mais cet argent n’est pas à elle et ne lui donne droit à aucune assurance : ni maladie, ni chômage, ni retraite ». Elle poursuit « Ce système est bénéfique pour les hommes car il leur permet d’avoir du temps pour construire une situation financière confortable. Tout ça créé une relation de dépendance dans les couples (..). Cette répartition entre travail productif et reproductif, elle ne fonctionne que tant que le couple tient. Or, on le sait aujourd’hui, toutes les relations ne sont pas éternelles. Du coup, beaucoup de femmes qui ont pris des temps partiels ou des congés parentaux se retrouvent bien démunies après une séparation ». Je trouve que la mise en lumière de cette répartition des rôles propre aux couples hétérosexuels est très intéressante et essentielle. Bien sûr, chaque couple s’organise comme il l’entend, mais je crois qu’il est important d’avoir réfléchi aux implications futures que peuvent avoir nos choix et quelles conséquences ils auront dans le cas où on ne reste pas toute la vie avec le père / la mère de ses enfants.
Hier, le 105ème féminicide a eu lieu en France depuis le début de l’année. En 2019, une femme est assassinée tous les deux jours par son conjoint ou ex-conjoint (toutes les 2 semaines en Suisse) et rien ne se passe. Cela ne fait ni les gros titres des magazines, ni l’ouverture des journaux télévisés. Toutes ces femmes tuées pour la simple et unique raison qu’elles sont des femmes. Dans des pays comme l’Espagne où des mesures ont été prises au niveau politique, le nombre de féminicides a baissé. Pourquoi rien n’est fait en France ? Ni même en Suisse ? Valérie Rey-Robert, une brillante féministe qui tient un blog et qui a publié « Une culture du viol à la française » a écrit un article sur ces féminicides cette semaine. « Le féminicide c’est tuer une femme pour des raisons misogynes, parce qu’on estime qu’elle ne s’est pas comportée comme une femme devrait se comporter. Elle n’a pas obéi à son mari, elle l’a quittée. Elle n’a pas fait correctement sa part de tâches ménagères. Elle ne s’est pas habillée comme il le souhaitait. Tout ceci ne sont évidemment que des prétextes, ne nous y trompons pas. Il frappe parce qu’il estime qu’il a le droit de frapper sa femme parce que dans notre société – même là oui en 2019 – tout concourt à dire qu’on est propriétés des hommes et qu’on leur doit quelque chose sinon ils s’énervent. (..) Observez qu’on interroge toujours pourquoi les femmes ne partent pas mais jamais pourquoi les hommes tuent. Comme si ça allait de soi. Comme si, même là, il fallait éviter d’être tuées et pas de tuer. » Je vous conseille d’aller lire cet article très bien écrit qui aborde ces violences envers les femmes mais également cette éducation virile qu’on continue d’imposer aux hommes.
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LIVRES
Au mois d’avril, j’ai lu La Tresse de Laetitia Colombani. Une lecture toute douce qui raconte les vies de trois femmes ; Smita en Inde, Giulia en Sicile et Sarah au Canada. Toutes trois sont à un tournant de leur existence et toutes trois vont devoir faire des choix. Smita est une Intouchable qui veut tout faire pour que sa fille puisse aller à l’école. Giulia travaille dans l’atelier de son père quand elle découvre qu’ils sont au bord de la faillite. Sarah est une brillante avocate qui apprend qu’elle est gravement malade. C’est un très beau livre qui met en scène trois femmes fortes, courageuses et déterminées.
La semaine dernière, j’ai plongé dans L’Écart d’Amy Liptrot, un roman magnifique plein de nature et d’introspection. Après dix années passées à Londres où elle s’est perdue dans l’alcoolisme et les soirées, Amy revient aux Orcades (en Écosse), sa terre natale, pour réapprendre à vivre sans boire. J’ai adoré le récit de cette nouvelle vie loin de tout sur une petite île isolée. Cela m’a d’ailleurs donné très envie de partir à la découverte de cette région d’Écosse.
Une amie m’a prêté la bande dessinée I’m every woman de Liv Strömquist dans laquelle elle raconte les vies de plusieurs femmes célèbres et montre comment leurs existences ont été façonnées par des hommes. On retrouve, entre autres, Britney Spears, Yoko Ono, Priscilla Presley. D’autres sujets sont abordés et c’est une lecture très intéressante qui fait réfléchir tout en étant rigolote. L’année dernière, j’avais lu Les sentiments du Prince Charles, une autre de ses BD, qui offre un tout nouveau regard sur les relations amoureuses et la manière dont elles sont construites.
Depuis le mois de janvier, je lis ponctuellement les romans de la saga des Neshov d’Anne B. Ragde. Elle contient cinq romans dans lesquels on suit la vie des membres de cette famille. J’ai terminé les quatre premiers et je découvre en écrivant cet article qu’un dernier volet vient d’être publié. J’adore ces récits qui nous embarquent dans des destinées sur de si longues périodes. Même s’ils ne sont pas tous autant passionnants (j’ai une préférence pour les deuxième et troisième tomes), on ne peut que s’attacher à ces personnages qu’on voit évoluer et grandir.
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SÉRIES / FILMS
A la recherche d’une série rafraîchissante et légère, j’ai découvert Dead To Me sur Netflix au mois d’août. Suite à la mort de son mari qui a été renversé par un chauffard qui ne s’est pas arrêté, Jen rejoint un groupe de parole pour personnes en deuil. Elle y fait la connaissance de Judy, une femme enjouée et rigolote avec qui elle va se lier d’amitié. Or, on découvre très vite que cette Judy cache bien des secrets. J’ai beaucoup aimé cette série dont les épisodes durent une trentaine de minutes et que l’on consomme comme des petits bonbons. C’est drôle, émouvant et loufoque ! Vivement la saison 2.
Dans un registre beaucoup plus sombre, j’ai regardé les cinq épisodes de la série Chernobyl qui retracent le déroulement des évènements après la catastrophe nucléaire qui a eu lieu en avril 1986 en Ukraine. Ce fut passionnant mais vraiment très éprouvant. L’ambiance est très plombante, on se sent enfermé et oppressé dans ce climat soviétique où les dirigeants de la centrale et les politiciens avaient tous torts mais continuaient à foncer tête baissée dans la mauvaise direction. Cette incapacité à se remettre en question m’a frappée. On découvre aussi l’étendue des victimes et la grande opération de « nettoyage » qui a été mise sur pied les mois ayant suivi l’explosion. J’ai trouvé cette série très instructive, et même si elle est pénible à regarder, je vous la conseille vivement.
Treize ans après tout le monde, j’ai découvert le film The Holiday dans l’avion en rentrant de New York. Mais quel merveilleux moment ! Pourquoi est-ce que personne ne m’avait dit de le regarder ? Je pense que la planète entière l’a vu mais pour résumer, c’est l’histoire de deux femmes interprétées par Cameron Diaz et Kate Winslet qui échangent leurs maisons après une déception amoureuse. C’est le film parfait pour une soirée d’automne ou d’hiver ou quand vous avez besoin d’un bol frais de romantisme. J’ai adoré et je me réjouis déjà de le regarder à nouveau au mois de décembre.
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PODCASTS
J’ai écouté énormément de podcasts ces derniers mois et j’ai eu l’occasion d’en découvrir de nouveaux qui ont ravis mes oreilles. J’ai beaucoup aimé le premier épisode du Book Club avec Delphine de Vigan. Dans chaque épisode, une invitée nous reçoit chez elle et parle de trois livres qui comptent pour elle. Ce fut très intéressant d’entendre Delphine de Vigan (une de mes autrices préférées) raconter les histoires des romans qu’elle a choisi et pourquoi elle les a tant appréciés.
Dans un autre registre, j’ai découvert le podcast Les Voix du crime qui propose de revisiter des affaires connues au travers de témoignages de voix inédites (un.e avocat.e, un.e enquêteur.trice ou des proches) qui livrent leur propre version de l’histoire. Un épisode est consacré au meurtre de Ghislaine Marchal, cette femme qui aurait écrit avec son sang la phrase « Omar m’a tuer » (avec la grosse faute d’orthographe) sur les murs du lieu où elle a été tuée. Il y a toujours eu des doutes sur la réelle culpabilité d’Omar Raddad, le jardinier de la résidence, dans ce crime. Cet épisode nous apporte d’autres éléments de réponse qui corroborent avec sa probable innocence dans cette affaire.
Durant un mois, nous aurons la chance d’entendre chaque semaine Virginie Despentes dans Les couilles sur la table. Le premier épisode est sorti jeudi dernier et je l’ai écouté immédiatement. Victoire Tuaillon et Virginie Despentes abordent les sujets suivants : « comment faire pour éviter le viol : éduquer les garçons, ou apprendre aux filles à se défendre ? Est-ce qu’il y a vraiment des hommes qui ont violé « sans s’en rendre compte » ? Pourquoi le schéma du sexe sous contrainte est-il si présent dans la pornographie, et comment ouvrir les imaginaires érotiques ? ».
Concernant mes écoutes habituelles, j’ai trouvé l’épisode douze de Mansplaining particulièrement intéressant. Intitulé Charge mentale, hommes assistés, femmes lessivées, il parle de la vie domestique et de toutes ces choses que font les femmes et dont personne ne se rend compte. Thomas Messias s’interroge sur cette tendance qu’ont les hommes à laisser leurs femmes se noyer sous des to-do list infinies pendant qu’ils se congratulent lorsqu’ils ont planté un clou.
Un épisode magnifique de Transfert est sorti durant l’été, il s’intitule Les conditions féminines. C’est une magnifique histoire d’amour qui se déroule en Suisse dans un passé pas si lointain et dont on pourrait faire un film. J’ai adoré et si vous ne deviez écouter qu’un podcast de cette liste, je vous conseille celui-ci.
J’adore tous les épisodes d’Un podcast à soi qui abordent toujours des thèmes en profondeur avec un regard intéressant. J’ai beaucoup aimé celui intitulé Sexualité des femmes, la révolution du plaisir. A l’aide de témoignages de plusieurs femmes, cet épisode permet de nous interroger sur la manière dont sont façonnées les relations sexuelles hétérosexuelles et de nous questionner à leurs sujets.
Pour terminer sur une note de développement personnel, je vous conseille chaleureusement l’épisode Gifts to my future self de Brooke Castillo. Elle nous parle de l’importance de développer une merveilleuse relation avec soi-même car c’est une relation qui durera toute la vie. Elle propose de réfléchir aux actions qu’on fait aujourd’hui qui auront un impact sur notre vie future. Quels cadeaux est-ce que je souhaite faire à mon futur moi ? Qu’est-ce que je développe aujourd’hui qui rendra ma vie future plus agréable ? Elle conseille ainsi d’écrire deux lettres, une de son moi du futur à son moi du présent (mon moi âgé de 42 ans qui écrit à mon moi âgé de 32 ans) et une lettre de son moi du présent à son moi du futur. Cela permet de se demander des conseils, de réfléchir à la vie qu’on souhaite se construire et de réfléchir aux actions à mettre en place pour y arriver. Un exercice super intéressant que j’ai beaucoup aimé faire.
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DIVERS
Parfois, il suffit de mettre d’autres termes sur un concept pour qu’il devienne beaucoup plus clair. Une amie m’a montré cette vidéo qui met en résonance le fait de vouloir boire une tasse de thé et consentir à une relation sexuelle. C’est très instructif et on comprend beaucoup mieux cette notion expliquée de cette manière. En effet, ce n’est pas parce qu’on a accepté d’aller boire un thé chez quelqu’un que finalement, quand la tasse arrive devant soi, on est obligé de la boire. On y comprend aussi qu’une personne qui dort ne veut pas de thé ou qu’une personne qui a voulu du thé la semaine dernière n’en veut pas forcément tous les soirs qui suivent. C’est vraiment très rigolo !
Pour terminer sur une note toute douce, je vous conseille de regarder ce petit documentaire d’une dizaine de minutes où une étudiante demande à d’autres élèves si elle peut les prendre en photo pour un projet. Elle leur dit ensuite « Je photographie les choses que je trouve belles ». Les réactions de toutes ces personnes qui découvrent pourquoi elle les prend en photo sont tellement émouvantes et touchantes. J’ai eu la larmiche tout du long. C’est vraiment très beau, regardez-la.
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Bonnes découvertes !
Et n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires 🙂
Electra
merci ! j’ai noté plusieurs choses (le documentaire et le podcast de De Vigan)
Melody | Ally Bing
ElectraSuper, j’espère que ça te plaira 🙂