En cette journée du droit des femmes, j’ai eu envie d’écrire un texte féministe, un texte dans lequel je puisse partager quelques unes de mes réflexions sur ce sujet. J’ai l’impression d’être féministe depuis toujours, et c’est peut-être aussi parce que je suis née le 8 mars. Quand j’avais 9 ans, les Spice Girls sont arrivées dans ma vie et j’ai passé des années à écouter leurs discours, à les entendre crier girl power dans chaque interview, à les voir répéter à toutes les jeunes filles de croire en elles, qu’elles pouvaient faire tout ce qu’elles voulaient et qu’elles n’avaient pas à être dépendantes des hommes. Au fil de ma vie, j’ai continué d’être très sensible à cette cause parce que je suis une femme mais aussi parce que je suis sensible à toutes les inégalités et aux injustices en général. A l’Université, j’ai adoré les cours genre qui m’ont appris ce que sont les constructions sociales des sexes, le patriarcat, le plafond de verre. Lorsque l’on s’intéresse un tant soit peu aux relations entre les hommes et les femmes, lorsque l’on commence à réfléchir sur le fonctionnement de notre société, il est difficile de ne pas constater les inégalités qui persistent et de ne pas se sentir concernée en tant que femme. Le féminisme, ce n’est pourtant pas qu’une affaire de femmes. C’est une affaire qui nous concerne tous et sur laquelle nous devrions travailler ensemble pour créer une meilleure société. C’est un texte assez long mais j’espère qu’il saura vous intéresser et vous apporter quelques pistes de réflexion.
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Avant toute tentative de définition du féminisme, j’ai l’impression qu’il est nécessaire voire obligatoire d’opérer une déconstruction préalable afin d’expliquer tout ce que le féminisme n’est pas. Ce terme n’est-il pas connoté négativement ? Peut-on ouvertement dire en société que l’on est féministe ? Il est intéressant de relever ce point car c’est quelque chose que je ne comprends pas : pourquoi le féminisme est-il si mal perçu dans notre société ? Quand je regarde en arrière, dans le domaine de la lutte des femmes pour l’égalité, je ne vois pas des hystériques souhaitant émasculer les hommes, les réduire à néant et prendre tous les pouvoirs. Je vois simplement des femmes qui aimeraient avoir les mêmes droits que les hommes, je vois des femmes qui se sont battues pour avoir le droit de voter, pour pouvoir décider quand elles souhaitaient avoir des enfants avec la contraception, pour la légalisation de l’IVG, pour avoir le droit d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari, pour avoir accès au marché du travail. Toutes ces avancées ont été faites sans violence, les femmes ne sont jamais entrées en guerre, en conflit armé, contre les hommes. Pourquoi donc le féminisme est-il connoté si négativement ? Il est permis de s’interroger là-dessus : n’est-ce pas une façon de décrédibiliser ce mouvement afin d’empêcher les femmes de poursuivre ce combat ? Le féminisme, ce ne sont pas des cohortes de femmes enragées et hystériques qui haïssent les hommes. Pour reprendre un fameux slogan, le féminisme n’a jamais tué personne alors que le machisme tue tous les jours.
On devrait toutes être féministes, pour nous-mêmes en tant que femmes mais aussi pour toutes les femmes de ce monde et pour toutes les petites filles qui sont en train de grandir. Être féministe, c’est se questionner, c’est réfléchir aux dynamiques qui ont lieu entre les individus, c’est constater les différences de traitement entre les hommes et les femmes, c’est être attentive aux discriminations qui s’insinuent dans nos quotidiens, c’est ne pas être d’accord avec le fait d’être toujours ramenée à notre genre, c’est relever ce qu’on appelle le sexisme ordinaire. Le sexisme ordinaire représente l’ensemble des attitudes, paroles et jugements de valeurs à l’encontre des femmes qui ont lieu au quotidien et qui tendent à les dévaloriser : demander à une femme qui est énervée si elle a ses règles, les blagues douteuses à caractère sexuel, les réflexions quant à leur tenue vestimentaire, le harcèlement de rue, etc, etc.
Si, en Suisse ou en France, on peut se sentir plus ou moins privilégiées par rapport à nos droits, il est important d’être conscientes que les droits des femmes ne sont pas acquis pour toujours, même pas chez nous. Dans nos pays voisins, le droit à l’interruption volontaire de grossesse n’a-t-il pas été remis en question dernièrement, en Espagne ou en Pologne ? L’année dernière, la Russie a adopté (à 385 voix contre 2) un projet de loi dépénalisant la violence domestique afin de « préserver les valeurs traditionnelles familiales ». Battre sa femme est ainsi autorisé et n’est plus considéré comme un délit pénal. En Russie, certains avancent le chiffre de 10 000 femmes mourant chaque année sous les coups de leurs conjoints, soit environ 27 meurtres par jour. Les droits des femmes fluctuent au fil des décennies, il y a des avancées et des régressions, la progression n’est pas linéaire. On l’a bien vu avec l’affaire Weinstein et MeToo : si ce mouvement a permis de libérer la parole des femmes, il y a toujours une autre partie de la population (autant des hommes que des femmes d’ailleurs !) qui s’élève pour maintenir le statu quo et empêcher les avancées (je pense notamment à la tribune signée par des dizaines de femmes revendiquant le « droit d’être importunées dans la rue »). Nous devons êtres conscientes de ces variations dans les droits accordés aux femmes et être attentives afin que l’on ne nous les retire pas. Par ailleurs, pour situer historiquement le début de nos droits actuels en Suisse, j’aimerais rappeler que lorsque nos mères sont nées, dans les années 60, elles n’avaient pas le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leurs maris tout comme elles n’avaient pas le droit de voter (et ce jusqu’en 1991 dans le canton d’Appenzell).
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La société construit et perpétue les différences entre les hommes et les femmes
Le genre est une construction sociale. Vous avez probablement déjà entendu la célèbre phrase de Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme, on le devient ». Elle s’applique de la même manière pour les deux sexes. La société, les familles, nous tous en d’autres termes, participons à élever différemment les petits garçons des petites filles. Les premiers doivent être forts, n’ont pas le droit de pleurer, sont censés jouer à des jeux de garçons. Les deuxièmes doivent être responsables, sages à l’école, sensibles, fragiles, tournées vers autrui, ne pas faire trop de bruit. On connaît tous ces petites phrases entendues dans notre enfance « les garçons ça ne pleure pas, les garçons aiment se battre, les garçons jouent au foot, les garçons sont dissipés, les garçons sont plus forts en math, c’est pas joli une fille qui se bat, les filles piaillent, les filles sont mignonnes, les filles sont plus sages en classe, les filles sont plus soigneuses ». Je ne cite que quelques unes des caractéristiques mais la liste peut être très longue. Aujourd’hui, je constate qu’il est toujours mal vu qu’un petit garçon veuille jouer avec une poupée ou qu’il désire faire du patinage artistique tout comme il n’est pas commun qu’une fille souhaite faire du hockey.
Ce que j’essaie de montrer, c’est que tout l’environnement autour des enfants participe à les construire en tant que filles et en tant que garçons. Jusqu’à 4 ans, ils jouent indifféremment aux Barbies comme aux voitures. C’est ensuite que la différenciation se fait, par le biais de l’éducation donnée par les parents et l’entourage, les livres qu’ils lisent, les jeux qu’on leur propose (voitures, épées ou déguisements de superhéros pour les garçons et costumes de princesses et poupées pour les filles), les dessins animés qu’on leur montre. Ils se construisent en intégrant toutes ces injonctions stéréotypées attribuées à un sexe et pas à l’autre. C’est pourquoi il est important d’éduquer les enfants en ayant conscience de l’ensemble de ces enjeux.
Avez-vous déjà réfléchi aux contes de Disney ? Les femmes sont toujours représentées en pauvres petites choses fragiles qui attendent d’être délivrées par un prince avec qui elles vont se marier et avoir des enfants. Cendrillon, Blanche-Neige, la Belle au Bois Dormant. Il y a très peu de superhéros féminines. Et c’est un fait : si les petites filles ne voient autour d’elles que des figures féminines faibles, dans l’attente d’un prince, dépendantes, comment peuvent-elles s’identifier à des figures fortes ? Comment peuvent-elles même penser qu’une autre voie est possible ?
La peur dans l’espace public
Dernièrement, j’ai réalisé en parlant avec mon copain que le fait d’avoir peur lorsque je suis à l’extérieur est quelque chose de propre aux femmes, et c’est tellement ancré en nous qu’on ne se rend même plus compte que ce n’est pas normal. En règle général, je ne suis pas quelqu’un qui a peur. Pourtant, j’ai peur, ou plutôt je ne suis pas tranquille, quand je rentre seule le soir jusque chez moi, que ce soit en ville ou à la campagne, j’ai peur lorsque je sors de ma voiture dans mon parking au milieu de la nuit. J’ai peur aussi lorsque je prends le train, le soir, et que je suis seule dans un wagon avec des hommes. Cette peur dans l’espace public est spécifique aux femmes. Non seulement les hommes ne la ressentent pas (ou du moins pas comme nous), mais bien souvent ils ne sont même pas au courant de ce que, nous, les femmes, vivons dans ces moments-là. Je crois qu’il est important que l’on sache que non, ce n’est pas normal d’avoir peur la nuit lorsque nous rentrons chez nous. Notre peur est légitime car oui, on risque malheureusement bien quelque chose, mais cela ne veut pas dire que c’est normal ni que cela ne doit pas changer. Quand certains hommes auront intégré le fait que non, on ne viole pas les femmes, non, on ne les agresse pas verbalement, non, on ne les suit pas dans la rue, non, ça veut dire non, nous pourrons sortir de chez nous en toute tranquillité, de jour comme de nuit, exactement comme eux.
Le harcèlement de rue et le droit d’être tranquille à l’extérieur
Le point précédent m’amène à celui-ci. 100% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement dans les transports en commun. Si on en arrive à de tels chiffres, c’est parce qu’il est convenu, dans notre société, que c’est ok pour les hommes de parler aux femmes de manière lourde, d’insister, de ne pas écouter lorsqu’elles ont clairement dit non, de les insulter, de commenter leur tenue. Honnêtement, que risquent-ils ? Ces situations se passent bien souvent lorsqu’il y a des gens autour. Combien de fois les spectateurs de ces scènes interviennent-ils ? Pourquoi laisse-t-on ce type d’hommes agir ainsi en toute impunité ? Si on analyse en profondeur ces mécanismes, et je fais des raccourcis car ce serait trop long de tout détailler, on comprend qu’ils sont là pour une simple et bonne raison : montrer aux femmes que leur place n’est pas à l’extérieur mais à l’intérieur, à la maison, et que l’espace public est le domaine des hommes. Je ne dis pas que les hommes qui harcèlent les femmes le font consciemment, en se disant ici c’est notre place, les femmes rentrez à la maison, mais je dis que les constructions sociales leur ont appris que c’est normal d’agir ainsi. En conséquence, les femmes se faisant agresser à l’extérieur finissent par intérioriser qu’elles feraient mieux de rester chez elles.
Pour terminer ce point, j’aimerais aborder un dernier fait. Les femmes devraient pouvoir sortir habillées de la manière dont elles le souhaitent sans que les hommes y voient un appel d’offre. Combien de fois se fait-on importuner lorsque l’on porte une jupe ? Ou un décolleté ? Apparemment, montrer ses jambes est la porte ouverte à toutes les fenêtres. Lorsqu’un mec se met en short, se fait-il siffler et aborder tous les 10 mètres ? Y a-t-il des bandes de femmes dans des voitures qui ralentissent pour lui dire « hey salut chéri » et qui partent en riant ? Pourquoi est-ce qu’un homme peut se balader dans la rue à torse nu et cela ne choque personne alors qu’une femme qui sort les seins à l’air ne fait pas 2 mètres sans que cela ne déclenche des émeutes ? Pourquoi les corps des femmes sont-ils à ce point sexualisés ? Des hommes bien en chair ont autant de seins que certaines femmes et pourtant, cela n’a absolument pas la même connotation. Vous pouvez demander à toutes les femmes de votre entourage : toutes ont déjà vécu une situation où un gros lourd ne leur a pas lâché la grappe alors qu’elles lui ont clairement signifié qu’elles étaient importunées. En comparaison, j’aimerais connaître le nombre d’hommes qui ont vécu exactement la même situation. Il existe une multitude de sites où vous pouvez lire des témoignages de ce que les femmes vivent au quotidien dans l’espace public (Paye ta shnek, Paye ta robe, Harcèlement de rue).
Traitement des affaires par les médias
J’ai réalisé ceci dernièrement et depuis, cela me frappe à chaque nouvelle affaire : la façon dont les meurtres de femmes sont décrits par les médias. Si vous y prêtez attention, vous verrez que c’est totalement aberrant. La plupart du temps, on cherche à mettre la faute sur la victime tout en excusant le meurtrier. Les hommes y sont décrits comme des bons types follement amoureux alors que leur femme est un horrible personnage qui les rabaisse, leur vole leur argent ou les trompe. Ils n’ont alors pas d’autre choix que la tuer de 40 coups de couteaux puis de la découper avant d’enterrer son corps dans le jardin. Vous pouvez penser que j’exagère, mais prêtez-y attention lors d’une prochaine affaire. Il y a quelques semaines, j’ai encore lu une histoire de ce genre en première page du 20 minutes où la femme était présentée comme une russe vénale qui n’avait épousé son mari que pour ses papiers (c’était écrit en ces termes) alors que lui était dépeint comme un homme charmant et aimant qui n’avait pas su quoi faire d’autre que la tuer (le pauvre !).
Les crimes de femmes sont banalisés, on en parle rarement, cela ne fait pas la une des médias. Pourtant, en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. En Suisse, la plupart des interventions policières en cas d’agression sont le fait d’un mari sur sa femme. Pourquoi la violence envers les femmes est-elle autant invisibilisée ? Pourquoi est-ce que l’on en parle pas plus ? J’ai lu dernièrement dans le livre « C’est quoi être féministe » ce passage que j’ai trouvé très intéressant : « Quand un homme assassine une femme en la battant, il faut considérer qu’il ne s’agit pas d’un fait divers mais d’un fait politique car c’est la société qui conduit un homme à penser qu’il peut agir ainsi. Combien d’hommes ou de femmes détestent leur chef et auraient envie de lui ficher une baffe ? Pourquoi ne le font-ils pas ? Parce qu’ils savent que les conséquences seraient graves, ils seraient licenciés sans le moindre doute. Par contre, quand on est chez soi, on se dit que l’on est plus fort que sa femme, et on lui fout une baffe. »
Une société patriarcale est une société faite par les hommes pour les hommes, où les hommes sont dominants et où les femmes sont dominées. C’est pour cette raison que les violences envers les femmes sont tolérées, c’est pour cette raison que les hommes savent qu’ils ne risquent pas grand chose, c’est pour cette raison que lors d’un viol, si la victime n’a pas vraiment dit non, on pense qu’elle était quand même d’accord. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, lorsqu’une femme dit avoir été violée, on cherche tout de suite à savoir si elle a pu provoquer cela de quelque manière que ce soit ? On veut savoir où elle était, comment elle était habillée. Et ça, c’est dans le meilleur des cas. Dans d’autres, on remet directement en cause son témoignage. Pourquoi, a contrario, quand on entend quelqu’un raconter qu’il s’est fait voler son porte-monnaie, on le croit d’office sans chercher à lui mettre une quelconque faute dessus ?
La prostitution et les travailleuses du sexe
C’est un sujet qui m’interpelle depuis quelque temps et notamment depuis que j’ai entendu l’interview d’Ovidie sur le podcast de La Poudre. J’ai réalisé à quel point les femmes ayant travaillé soit dans le domaine de la prostitution soit dans celui des films porno sont stigmatisées et mises au ban de la société pour l’éternité. Ovidie est une ancienne actrice X qui a, depuis, fait des dizaines d’autres choses. Elle écrit, elle réalise des films et des documentaires mais pourtant, on la ramène toujours à ses films X. Ces dernières semaines, on a pu voir le témoignage de Nikita Bellucci et du calvaire qu’elle vit au quotidien, sans cesse harcelée par des hommes qui l’insultent et la menacent de mort. Qu’ont fait ces femmes pour mériter un tel traitement ? Je trouve notre société bien hypocrite à ce sujet. Tout le monde ou presque a déjà vu un porno mais les gens qui jouent dedans n’ont plus le droit d’avoir une existence digne ? Pourquoi ? Pourquoi ne pourrait-on pas les considérer tout simplement comme des acteurs ? Par ailleurs, les acteurs porno ne subissent de loin pas l’acharnement que subissent les actrices.
Les prostituées, quant à elles, vivent exactement la même chose. Ce qui m’interpelle, c’est que la honte repose entièrement sur ces femmes. Ce sont elles qui sont sales, dégoutantes, qui n’ont plus aucun droit, que l’on peut insulter. Par contre, on entend rien sur les clients. N’est-ce pas eux qui sont dégoutants ? N’est-ce pas sur eux que l’on devrait déverser notre colère ? N’est-ce pas eux que l’on devrait stigmatiser ? A quel moment a-t-on décidé qu’il était normal de payer une femme pour coucher avec elle ? Qu’il était normal de mettre des femmes dans des vitrines comme à Amsterdam ? L’inverse se fait, mais dans des proportions ridicules en comparaison à l’ampleur de la prostitution féminine dans le monde. La société patriarcale s’organise si bien pour asservir les femmes et permettre à ces messieurs, qui dit-on « ont des pulsions à assouvir » (encore une connerie), de pouvoir payer pour baiser. Car même si en Suisse, la prostitution est légale, dans la plupart des cas, derrière ces femmes qui se prostituent se cache un trafic d’êtres humains. Il serait temps que la honte change de camp.
Le voile et les injonctions d’habillement sur les femmes
Le voile est un sujet délicat. J’ai d’ailleurs mis du temps à savoir ce que je voterais si, en Suisse, on venait à devoir se prononcer sur l’interdiction du voile dans l’espace public. En soi, je suis évidemment contre. Je me rappelle d’un voyage à Istanbul avec ma meilleure amie il y a quelques années où il fut difficile pour nous de voir toutes ces femmes sous des burqas. Toutefois, en Suisse, ou même en France, ce n’est pas de ça dont nous parlons. Il ne s’agit pas de la burqa mais du voile qui couvre les cheveux mais pas le visage. Cela reste un sujet sensible car de multiples problèmes se cristallisent autour du voile et j’ai bien peur que l’on vote contre une religion plutôt que contre un signe religieux. En fait, il faut bien être conscient d’une chose : voter contre le port du voile ne libérera pas les femmes de ce vêtement que l’on peut juger oppressant. Non. Vous savez ce que cela induira ? Cela induira que les femmes portant le voile ne sortiront plus dans la rue. En interdisant le voile, on condamne toute une partie des femmes à devoir rester à l’intérieur et à ne plus pouvoir sortir du domicile. Ce qui est intéressant dans ce débat, c’est que les personnes qui défendent l’interdiction du voile instrumentalisent ce signe religieux et se targuent de faire cela pour les femmes. Or, ne soyons pas naïfs, fait-on cela pour les femmes ou contre une religion ? Si l’on agissait vraiment pour le bien des femmes, ne les laisserait-on pas faire exactement ce qu’elles veulent ? Et quand bien même elles portent le voile contre leur volonté, sous la contrainte de leur entourage ou leur mari, croit-on vraiment qu’une interdiction va changer quelque chose ? Elles seront simplement condamnées à rester à la maison, ne croyez pas qu’elles sortiront non voilées. Il serait temps qu’on laisse les femmes s’habiller comme elles veulent et qu’on arrête de leur mettre des injonctions, qu’on arrête de leur dire ce qu’elles doivent faire, porter ou dire.
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Pour terminer, les filles, j’aimerais que vous preniez conscience que vous avez le droit de faire tout ce que vous voulez, de marcher dans la rue fièrement perchées sur des talons de 10 centimètres ou dans des baskets, vous avez le droit de ne pas être importunées, de ne pas être jugées, vous avez le droit de mettre une jupe, une mini-jupe, un short, un burkini, tout ce qui vous fait plaisir, vous avez le droit de parler fort, de vous esclaffer, d’avoir de l’ambition, de vouloir faire carrière, de vouloir gagner beaucoup d’argent, vous avez le droit de vouloir des enfants, de ne pas en vouloir, de vous marier, de ne pas vous marier, de ne pas être d’accord de gagner moins que votre voisin de bureau, de ne pas être d’accord d’avoir peur la nuit dans la rue, vous avez le droit de parler de vos règles sans que l’on vous dise que c’est sale, vous avez le droit de dire que vous avez des règles douloureuses et que votre douleur soit reconnue, vous avez le droit de ne pas accepter les petites blagues sexistes du quotidien, vous avez le droit d’être en colère quand vous n’êtes pas contentes, vous avez le droit de partager la charge mentale, vous avez le droit de ne pas vous coltiner tout le ménage à la maison, vous avez le droit de dire non, d’être respectées, vous avez le droit de sortir jusqu’à 6h du matin, vous avez le droit de danser au milieu de la piste sans vous faire insulter, vous avez le droit de jurer comme un charretier, vous avez le droit de vieillir et d’aimer vos rides, vous avez le droit d’aimer le corps que vous avez, vous avez le droit de ne pas faire de régime, vous avez le droit d’avoir de la cellulite, les seins qui pendent, des vergetures et des points noirs parce que c’est ainsi que sont faits les corps des femmes, vous avez le droit d’être féministe et vous n’avez ni à être jugées par qui que ce soit, ni à avoir honte de faire tout ça.
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Caro
Très bel article, belle approche et bien rédigé. Bravo Mélody d’être la femme que tu es. Je t’apprécie et dans l’entier de tes facettes. Merci pour ta précieuse amitié.
Ally Bing
CaroMerci Carole t’es trop chou ça me touche bcp 🙂 ♥♥♥
Svet
Franchement je tiens à te féliciter!!! Ton texte est excellent, on arrive pas à arrêter de le lire !! Il est juste, précis et magnifiquement écrit. Tu couvres tellement de sujets et de détails sur ce thème. Bravo!!
Je t’encourage à l’envoyer à un journal car il mérite d’être publié et lu à grande échelle!
Kiss & Love
Svet
Ally Bing
SvetRoh ma biche mais t’es trop chouu mercii bcppp ♥♥♥ en tout cas je suis super contente qu’il t’aie plu !!
Guilloud
Sublime!
Bravo! C’est tellement bien écrit, bien tourné! J’adore!
Full love! 😍
Ally Bing
GuilloudMerci ma petite Guilloud ça me fait très plaisir t’es trop chou :)) ♥♥
Irène
On n’écrira jamais assez tout ça alors bravo et merci à toi de le faire !
Ally Bing
IrèneMerci Irène !!